Le 22 septembre 2021, Charles Pieri, figure indépendantiste corse, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire après avoir été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête sur des violences commises lors d’une manifestation en mars 2019. Cette remise en liberté a suscité de vives réactions en Corse et soulevé des questions sur le traitement judiciaire des revendications indépendantistes de l’île.
Les faits reprochés à Charles Pieri
Charles Pieri est soupçonné d’avoir organisé une manifestation non-autorisée à Ajaccio en mars 2019, au cours de laquelle des violences ont éclaté. Des heurts ont opposé les manifestants aux forces de l’ordre, faisant plusieurs blessés parmi ces dernières. Charles Pieri est également suspecté d’avoir ordonné l’incendie d’un local syndical de la police quelques jours plus tard.
Lors de sa garde à vue, Charles Pieri a nié les faits qui lui sont reprochés. Ses avocats ont dénoncé une instrumentalisation politique de la justice et affirmé que leur client était poursuivi pour ses idées politiques plus que pour des actes délictueux.
La décision de la justice
Après deux jours de garde à vue, Charles Pieri a été présenté devant un juge d’instruction et mis en examen pour « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations » et « incendie volontaire en bande organisée ». Le juge a décidé de le remettre en liberté sous contrôle judiciaire, avec l’obligation de pointer régulièrement au commissariat et l’interdiction de rencontrer certains individus impliqués dans l’enquête.
Cette décision a été mal accueillie par les syndicats de police et les élus locaux, qui ont dénoncé une « impunité » accordée à Charles Pieri en raison de son statut d’indépendantiste corse. Ils ont appelé à des sanctions plus fermes contre les auteurs présumés des violences.
Les réactions en Corse
En Corse, la remise en liberté de Charles Pieri a suscité un débat sur le traitement judiciaire des revendications indépendantistes de l’île. Certains estiment que les autorités judiciaires et policières sont trop sévères avec les militants nationalistes, tandis que d’autres dénoncent une complaisance envers ceux-ci.
Cette affaire intervient dans un contexte de tension entre les autorités françaises et les indépendantistes corses, qui réclament depuis des décennies davantage d’autonomie pour leur île. Les nationalistes ont remporté plusieurs élections locales ces dernières années et ont obtenu des concessions de l’État, comme la coofficialité de la langue corse. Mais ils estiment que leurs demandes ne sont pas encore satisfaites.
Les perspectives pour l’avenir
La remise en liberté de Charles Pieri ne clôt pas cette affaire, qui devrait être examinée prochainement par un tribunal correctionnel. Mais elle pose la question de la juste mesure à appliquer dans le traitement judiciaire des revendications indépendantistes. Les autorités françaises devront trouver un équilibre entre la répression de violences éventuelles et le respect du droit à l’expression politique.
En Corse, cette affaire renforce la mobilisation des nationalistes, qui voient dans la poursuite de Charles Pieri une atteinte à leur mouvement. Ils appellent à des manifestations pour défendre la cause indépendantiste et demander la libération totale de toutes les personnes poursuivies pour leur engagement politique.
L’affaire Charles Pieri illustre les tensions qui persistent entre l’État français et les indépendantistes corses, malgré les avancées obtenues ces dernières années. Elle montre également les difficultés à trouver un équilibre entre répression de la violence et respect du droit à la manifestation et à l’expression politique. Cette question reste entière en Corse, mais elle concerne également d’autres régions où des mouvements autonomistes ou indépendantistes se font entendre.

