Le compteur communicant Linky est déployé depuis quelques années en France. Mais sa mise en place a suscité de nombreuses oppositions compte tenu des soucis sanitaires qu’il pourrait causer. La question de l’impact des ondes électromagnétiques émises par cet appareil sur la santé des Français est régulièrement évoquée. Pourtant, jusqu’à présent, aucune étude officielle ne s’était penchée sur le sujet. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de publier un rapport sur les effets potentiels pour la santé de ce compteur. Décryptage de ses conclusions.
Comprendre le fonctionnement du compteur Linky
Pour rappel, le compteur Linky est destiné à remplacer les anciens compteurs d’électricité. Il permet aux fournisseurs d’accéder aux données de consommation des ménages à distance, ce qui évite le passage d’un technicien pour relever les compteurs. Contrairement aux anciens modèles, il utilise des ondes électromagnétiques pour communiquer avec le système central ainsi que pour échanger des informations avec les autres compteurs Linky du voisinage.
Ces ondes électromagnétiques sont émises à des fréquences basses et très basses. Elles sont considérées comme inoffensives par les fournisseurs d’électricité, mais certains opposants au compteur soulignent leurs effets sur la santé.
Les risques sanitaires potentiels identifiés par l’Anses
L’expertise collective de l’Anses a été menée par un groupe de travail composé d’une quinzaine d’experts indépendants. Cette agence publique, placée sous la tutelle du ministère de la transition écologique, est chargée de protéger la santé humaine en évaluant tout risque sanitaire lié à l’alimentation, l’environnement ou le travail. Dans son rapport publié en juin dernier, l’Anses a identifié quatre risques sanitaires potentiels :
- Le risque d’effets biophysiques : les ondes électromagnétiques peuvent avoir des effets thermiques (élévation de la température) ou non thermiques sur le corps humain ;
- Le risque d’interférences avec les dispositifs médicaux : certains équipements médicaux peuvent être perturbés par les ondes électromagnétiques émises par le compteur Linky ;
- Le risque d’hypersensibilité électromagnétique : cette pathologie décrit l’ensemble des symptômes que certaines personnes peuvent ressentir en présence d’ondes électromagnétiques, sans que l’on sache expliquer clairement son mécanisme ;
- Le risque d’impact sur le sommeil : les ondes électromagnétiques peuvent perturber le sommeil chez certaines personnes, ce qui peut entraîner des problèmes de santé.
Des recommandations pour limiter les risques sanitaires
L’Anses recommande des mesures de précaution pour limiter les risques sanitaires liés aux champs électromagnétiques émis par les compteurs Linky. Elle préconise notamment :
- d’adapter les distances minimales entre le compteur et les occupants d’un logement (voire même d’éloigner le compteur des espaces de vie) ;
- d’améliorer la qualité de l’information délivrée aux personnes souffrant d’hypersensibilité électromagnétique ;
- de protéger les dispositifs médicaux sensibles en utilisant des filtres ou des blindages appropriés ;
- de poursuivre les recherches scientifiques sur les effets à long terme des ondes électromagnétiques sur la santé.
Des opposants toujours mobilisés
Pourtant, pour certains, ces mesures ne suffisent pas à protéger la santé des Français. Des militants anti-Linky continuent de militer contre sa généralisation. Ils remettent en question la méthodologie de l’Anses et pointent du doigt des conflits d’intérêts avec les industriels de l’énergie.
La position des autorités face à cette controverse
Le gouvernement a réaffirmé son soutien au compteur Linky, affirmant que « les compteurs communicants ont été mis sur le marché à la suite d’une longue procédure réglementaire qui a pris en compte l’ensemble des critères environnementaux et sanitaires ». De même, la Commission européenne a estimé que les compteurs Linky ne présentaient pas de risque majeur pour la santé.
Que faire en cas de doute ?
Si vous êtes soucieux des risques sanitaires liés au compteur Linky, plusieurs solutions s’offrent à vous. D’une part, vous pouvez demander à votre fournisseur d’électricité de remplacer votre compteur par un modèle non communicant, mais cela entraînera des frais supplémentaires. D’autre part, vous pouvez agir directement sur votre exposition aux ondes électromagnétiques en limitant l’utilisation des objets connectés ou en installant des dispositifs de protection dans votre habitation.
Le rapport de l’Anses sur le compteur Linky est une première réponse officielle aux inquiétudes exprimées par les opposants à ce compteur. Si les risques sanitaires identifiés sont réels, leur ampleur reste cependant difficile à évaluer. Malgré tout, il est important de prendre en compte ces risques pour améliorer la sécurité sanitaire de tous. Il est donc utile de suivre les recommandations émises par l’Anses et de rester vigilant face aux technologies connectées qui nous entourent.
